Test de Homo Machina
L'aventure intérieure de la machine humaine !
Par Olivier - Test jeu iOS (iPhone / iPad) publié le
Après le succès en 2013 de Type:Rider, la chaîne de télévision germano-française Arte éditait un nouveau jeu en avril 2018 sur iPhone et iPad, Vandals, que nous avions apprécié de par son univers et son intelligence de jeu. Avec ce troisième projet complètement différent, cette fois-ci développé par le studio français Darjeeling, vous allez pouvoir découvrir les arcanes du corps humain... mais de façon assez peu médical, bien plus proche de ce que s'imaginait le docteur allemand Fritz Kahn dans son livre Das Leben des Menschen (La Vie de l'Homme), à savoir une sorte de machine composée de départements connectés et de canaux de communications, entièrement animée par une armée de minuscules travailleurs. Il est donc de plonger au cœur de la machine... en plein dans Homo Machina !
Ce qui va tout de suite vous marquer ici, c'est la présentation assez atypique de ce jeu pour un puzzle-game, que ce soit du fait d'un esprit graphique très vintage bien entendu, mais aussi, et surtout, au niveau d'une scénarisation générale de Homo Machina. En règle générale, vous devez enchaîner des puzzles avec un gameplay qui évolue dans ses mécaniques, avec une difficulté grandissante, des défis variés... mais ici, ce ne sera (presque) pas du tout le cas ! Seule la dernière information reste valide, les défis seront variés. Mais ici, le studio a effectué un très gros travail sur la liaison entre ces derniers pour proposer bien plus qu'un enchaînement de résolution, vous serez face à une histoire qui s'écriera devant vous, avec des rebondissements, de l'humour, et la volonté de présenter les choses de façon totalement différente.
Dans Homo Machina, vous serez donc à l'intérieur d'un corps d'un homme ayant exactement 20 ans et 22 jours. L'ensemble du jeu consistera à vivre une journée complète, du réveil de ce dernier jusqu'à la soirée, que l'on annonce comme importante, car ponctuée par un rendez-vous amoureux. Après une petite cinématique d'introduction vous présentant l'univers graphique et l'esprit mélangeant le monde de l'usine et celui de l'anatomie, vous vous rendrez vite compte qu'il va falloir réveiller la machine humaine, à commencer par ouvrir les yeux... C'est si simple le matin lorsque le réveil sonne, même si vous n'en avez pas souvent envie, surtout lorsqu'il sonne à 6h30 comme ici, mais il va falloir... trouver comment cette mécanique complexe qu'est la paupière fonctionne, la manipuler, et enfin pouvoir débuter cette journée.
Dès lors, vous devrez passer de lieu anatomique à un autre, avec toujours la volonté de construire un scénario tout en l'ancrant de ce qu'imaginait Fritz Kahn, ce qui apporte un charme certain, et permet surtout de voir votre propre corps de façon différente. Outre la vue, c'est l'odeur de votre petit déjeuner qui vous éveillera avant de pouvoir en profiter en le mangeant... et chaque sensation, chaque sens, chaque action presque anodine fera l'objet d'un puzzle dans Homo Machina, avec à chaque fois des orientations différentes dans les mécaniques à utiliser. C'est ce qui fait la grande force de ce jeu d'ailleurs : ancrer une réalité dans une autre, tout en rendant presque plausible ce que l'on voit devant soit, mélangé avec de l'humour et la volonté de proposer un jeu bien différent de ce qui existe ailleurs.
Au niveau de la prise de main, Homo Machina reste tout à fait accessible à des joueurs de tout âge et de tout niveau, mais surtout étudié pour une prise en main tactile aisée que ce soit sur iPhone ou iPad. Même si vous n'avez pas d'indice sur ce que vous devrez faire, ou les éléments avec lesquels vous pouvez interagir, c'est en explorant cette anatomie mécanique que vous en découvrirez plus, de façon instinctive la plupart du temps. Il n'y a pas de réelle difficulté dans le jeu, avec des niveaux plus ou moins courts, même si certains passages peuvent être un peu moins évident que les autres. Par exemple, celui dans la cochlée sera peut être un ton en dessous, moins logique au départ, et celui avec les interrupteurs du centre d'activité traînant quelque peu en longueur. Mais quoiqu'il en soit, vous prendrez beaucoup de plaisir à parcourir les différents tableaux, jusqu'à ce fameux rendez-vous.
Les 3 chapitres de la journée de ce jeune homme passeront assez vite, et vous n'aurez pas besoin de bien plus d'une heure et demi pour terminer Homo Machina en le découvrant. Si vous y rejouez, ce qui est conseillé pour observer les très nombreux détails ça et là, vous n'aurez plus besoin que de 45 minutes, ce qui est certes assez court, mais le perfectionnisme opéré par le studio dans chaque situation, chaque puzzle, et chaque liaison cohérente entre cet ensemble, font de ce titre un petit chef d'oeuvre qu'il faut absolument vivre de l'intérieure. Voilà donc un réel hommage à ce docteur juif qu'était Fritz Kahn, que le nazisme a détruit en partie en qualifiant ces écrits de nuisibles et indésirables... Ce jeu permet de réhabiliter sa mémoire de façon qualitative, tout en n’omettant pas le plaisir de jouer à un excellent puzzle-game.
Avec des graphismes reprenant une esthétique très proche des publicités vintage, avec toujours à l'esprit d'être le plus proche possible de l'anatomie du corps humain et d'une usine, vous prendrez beaucoup de plaisir à visualiser les nombreux détails ça et là. Dommage que les cinématiques soient par moment un peu saccadées et d'une qualité inférieure aux phases de jeu, mais l'ensemble est magnifique !
Avec une musique majoritairement très zen, mais surtout des bruitages qui s'adaptent aux différentes zones du corps que vous devrez parcourir, la sonorité apporte un intérêt complémentaire, mais aussi très important, dans la résolution des différents puzzles qui seront face à vous.
Très facile à prendre en main, vous n'aurez qu'à appuyer, glisser, tournoyer, pivoter, pomper,... rien qu'avec un doigt ! Le plus complexe résidera dans la compréhension de ce que vous devez faire pour faire avancer la situation, mais l'ensemble reste la plupart du temps assez instinctif, répondant bien à l'exception de deux ou trois passages éventuels.
Comptez environ 1h30 au maximum lorsque vous découvrirez la première fois le jeu, mais pas bien plus de 45 minutes lors d'un second passage qui vous permettra de profiter un peu plus des très nombreux détails disséminés dans les 3 chapitres. C'est assez court, trop même, on aurait aimé continuer encore un peu plus... mais l'intelligence du jeu et du scénario mettant en action ces puzzles sont véritablement magnifiques...
Si on ne peut que regretter une durée de vie globale assez réduite de Homo Machina, cette aventure intérieure à la mode vintage comme l'avait imaginé le docteur allemand Fritz Kahn est de toute beauté. Grâce à une précision chirurgicale et une étude anatomique des meilleurs puzzle-game, les français de Darjeeling ont réussi à proposer une façon de jouer novatrice, mettant en lumière une philosophie mécanique du début du vingtième siècle. La chaîne de télévision Arte édite encore une fois une belle perle, dans un style bien différent, espérons donc qu'il y en aura d'autres dans le futur !