Test de Somewhere : The Vault Papers
Quelque part dans une machination...
Par Olivier - Test jeu iOS (iPhone / iPad) publié le
Après l'énorme succès de la série Lifeline, de nombreux éditeurs ont cherché à proposer une vision différente du style, avec plus ou moins de succès. Mais il ne fallait pas pour ce faire reprendre les mêmes mécaniques sans ajouter un petit quelque chose qui fait la différence. L'éditeur Plug In Digital s'était déjà lancé dans ce périlleux voyage en éditant Enterre-moi, mon amour, que nous avions apprécié lors de sa sortie, développé par un studio français. Et bien ils remettent le couvert en s'associant à un studio basé à Rouen, du nom de Norseman Interactive, pour nous proposer une aventure bien différente ici. Dans Somewhere : The Vault Papers, vous allez devoir aider une jeune journaliste, s'appelant Cat, qui se trouvera malgré elle au cœur d'une machination titanesque... il faudra lui sauver la vie en l'aidant et la guidant !
Alors oui, dit comme ça, il n'y a pas grande différence avec bon nombre de jeu du même genre, il est vrai. D'ailleurs, l'interface visuelle très sobre et simpliste, même quelque peu austère, reste également très classique pour le genre. Les discussions que vous aurez avec Cat prendront la forme d'une conversation très typique de logiciel de messagerie, et dès lors où vous devrez répondre, vous aurez de deux à quatre choix entourés de vert. Malheureusement, on est bien loin de l'interface très visuelle et riche d'un Catan Stories, mais il est vrai que ce n'est pas ce qu'il y a de plus important pour un jeu narratif. Là où il faut réellement juger Somewhere : The Vault Papers, c'est bien plus dans l’histoire, le scénario et les mécaniques pour avancer, c'est ce qu'il y a d'essentiel pour en faire un bon ou mauvais jeu dans ce genre très prisé ces derniers temps.
Pour résumer quelque peu, sans trop dévoiler de l'intrigue, vous serez alpagué au départ par cette jeune journaliste qui a reçu une mystérieuse clé USB de la part d'un de ses amis, Andrew, maintenant décédé de façon assez étrange. Cette clé, qui est censé contenir des photos de mariage, contient en fait plusieurs milliers de documents internes d'une mystérieuse grande multinationale de l'agro-alimentaire. Très vite dans Somewhere : The Vault Papers, vous comprendrez que Cat est suivi, et qu'une entité en veut à sa vie, pour la faire taire, prenant même contact avec vous en piratant votre appareil pour vous faire comprendre que votre protégé n'est autre qu'une terroriste. De là, une sacré aventure débutera, où il vous faudra faire des choix en âme et conscience, qui peuvent avoir de gros impacts sur la suite de l'aventure et du récit qui s'écrira face à vous.
Mais ce qui différencie énormément Somewhere : The Vault Papers des autres jeux du même genre, c'est sa véritable intégration dans la vie réelle. D'une part du fait de sa thématique sur les lanceurs d'alerte, mais aussi par énormément d'imbrication de faits réels dans le scénario, mélangeant gravité et humour, avec beaucoup de rebondissements, parfois attendus, mais parfois assez surprenant, pour toujours vous tenir en haleine. L'autre aspect très inhabituel de ce jeu réside dans l'utilisation de recherches réelles sur internet, que ce soit sur votre logiciel de cartographie préféré pour définir à Cat un itinéraire dans les méandres de Hambourg, par exemple, ou plus loin dans les montagnes glacées, mais aussi plus simplement dans un moteur de recherche pour trouver des indices pouvant l'aider dans le tri des documents, dans la mythologie, l'agriculture, etc... Cette intégration du monde réelle donne beaucoup de pertinence au récit, et un esprit très réaliste permettant de s'y plonger encore plus facilement.
Le récit global est assez conséquent, et vous devrez aller dans de très nombreux lieux pour y parvenir. Seulement, par moment, vous échouerez dan votre mission, souvent du fait d'une mauvaise indication que vous aurez donnée à Cat, voir d'une décision qui n'est pas opportune. Vous devrez à chaque moment réfléchir à ce qui est le plus judicieux, et si ce n'est pas le cas, le récit s'arrêtera. Heureusement, dans Somewhere : The Vault Papers vous pourrez remonter en arrière avec un choix de différents embranchements spécifiques, ou recommencer carrément l'intégralité de la partie. En prenant d'autre options, vous pourrez ainsi modifier le scénario et amener la journaliste à l'endroit où elle trouvera la vérité... mais devez vous lui faire confiance ? Qui dit justement cette vérité ? La seule façon de le savoir est de partir à l'aventure dans ce récit trépidant et plutôt bien écrit, ce qui est un des gros point fort du titre, on sent que le studio a vraiment travaillé son sujet dans les moindres détails.
Les fans de jeux narratifs ne pourront qu'apprécier Somewhere : The Vault Papers, et même si on peut regretter cet esprit quelque peu triste de l'interface, qui manque de folie et de visuels, c'est clairement par l'histoire se vivant devant vous que le jeu ressort grandit. Sachez qu'une fois la partie terminée de façon positive, ou en tout cas l'une des fins du jeu, le mode rapide sera disponible, ce qui vous permettra de rejouer l'histoire en explorant différentes branches sans avoir de temps d'attente... ce qui est une excellente nouvelle pour redonner une seconde vie à ce jeu, et une autre perspective pour les protagonistes dans cette machination mondiale !
Les graphismes sont quelque peu sombres et simplistes, un peu trop sobres, ne laissant aucune place à l'humour qu'à travers le récit. Il est clair que ce n'est pas l'élément le plus important pour un jeu narratif, mais on aurait apprécié quelques éléments plus graphiques de temps à autre, ou une interface de logiciel de messagerie moins austère.
Une musique qui n'est pas toujours présente, malheureusement, pour accompagner le récit, alors qu'elle est plutôt intéressante et porteuse d'intérêt lorsqu'elle est disponible. Les bruitages restent classiques pour le genre, et là encore, ce n'est pas l'élément auditif qui est le plus intéressant dans ce genre de titre...
Le récit avancera devant vous, s'écrira comme dans un logiciel de messagerie classique, et vous n'aurez qu'à appuyer sur les choix possibles, parfois de façon rapide dans l'intensité de l'action (une barre rouge de progression apparaîtra), ou alors sur quelques éléments interactifs pour ouvrir une certaine page d'aide sur internet. La prise en main en est donc classique mais aisé, les habitués n'auront aucun mal à s'adapter.
Si au départ vous ne pourrez pas accélérer le temps, et devrez attendre que Cat (ou d'autres) prennent contact avec vous, que parfois vous devrez faire des retours en arrière, il vous faudra une bonne petite semaine pour arriver à une des fin du jeu, en revenant assez régulièrement ! Après, le mode rapide sera disponible et permettra de se replonger plus aisément dans les différents embranchements du scénario et trouver de nouvelles fins à cette histoire !
Si on peut regretter quelque peu l'austérité du packaging, il est certain que Somewhere : The Vault Papers est un excellent jeu de récit interactif, bien réalisé, bien écrit, prenant et haletant. L’interaction avec le monde réel ou l'improbable (vous allez même rechercher sur internet comment s'en sortir lors d'une attaque d'ours !) font de ce jeu développé par le studio français Norseman Interactive une aventure prenante et intéressante, aux multiples embranchements que vous pourrez découvrir au fil de l'avancée dans le récit. Encore une fois une bonne pioche de la part de l'éditeur Plug In Digital qui continue de proposer des jeux aux horizons différents, et qui vous fera voyager dans une machination aux multiples ramifications. Arriverez vous à faire survivre Cat ?